Crise au Soudan et instabilité en Libye : Le Caire resserre sa stratégie de sécurité régionale

Soudan et Libye: Alors que le Soudan s’enlise dans la guerre et que la Libye reste divisée entre autorités concurrentes, l’Afrique du Nord fait face à une situation explosive. Les tentatives de médiation ont échoué des deux côtés, laissant planer un risque croissant d’extension des conflits vers les pays voisins, au premier rang desquels figure l’Égypte.
Ces bouleversements poussent Le Caire à renforcer son rôle diplomatique et sécuritaire. Depuis plusieurs années, l’Égypte tente d’accompagner la reconstruction de l’État libyen en soutenant ses institutions souveraines et son armée nationale, tout en plaidant pour un règlement politique fondé sur des élections générales capables de mettre un terme à la division.
Une diplomatie active face au danger soudanais
Pour l’Égypte, le conflit au Soudan constitue une menace directe. L’effondrement de ce pays voisin pourrait déclencher une crise humanitaire majeure, favoriser les trafics transfrontaliers et accentuer l’insécurité régionale. Consciente de ces enjeux, l’Égypte multiplie les efforts au niveau africain et international afin d’obtenir un processus de paix garantissant l’unité du territoire soudanais.
Dans le même temps, Le Caire renforce son implication dans le dossier libyen. Les relations étroites entre les autorités égyptiennes et le commandement de l’armée nationale libyenne témoignent de la volonté de l’Égypte de soutenir un État libyen stable et de contrer toute intervention étrangère susceptible de prolonger la crise.

Sissi et Haftar se concertent au Caire
Illustrant ce suivi étroit, le président Abdel Fattah Al-Sissi a reçu récemment au Caire le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’armée libyenne. La rencontre s’est déroulée en présence du responsable des renseignements égyptiens, le général Hassan Rachad, ainsi que de plusieurs hauts gradés libyens, dont le chef d’état-major Khaled Khalifa et le vice-commandant Saddam Khalifa.
Le président Sissi a rappelé la nécessité de retirer de Libye toutes les forces étrangères et les mercenaires, dont la présence entretient les divisions et empêche la stabilisation du pays.
Le soutien égyptien à la reconstruction libyenne
Le maréchal Haftar a salué l’appui constant de l’Égypte et le rôle personnel du président Sissi dans les efforts visant à restaurer l’ordre et les institutions libyennes. Il a également souligné sa volonté de poursuivre les discussions avec Le Caire face aux défis sécuritaires régionaux.
Le président égyptien a réaffirmé l’engagement de l’Égypte en faveur des initiatives qui encouragent la tenue simultanée d’élections présidentielles et législatives en Libye. Il a également assuré que son pays continuera de soutenir l’armée libyenne ainsi que les institutions publiques, rappelant les liens historiques et humains qui unissent les deux peuples.

Une priorité stratégique pour l’Égypte
Selon un rapport officiel égyptien, la Libye représente un enjeu vital pour la sécurité nationale du Caire. Les deux pays partagent 1 200 kilomètres de frontière, une zone vulnérable au trafic d’armes, à la contrebande, au passage de militants armés et aux réseaux criminels. L’instabilité libyenne permet aussi à des groupes terroristes chassés d’autres zones de guerre de se réimplanter dans la région.
Sur le plan économique, la Libye a longtemps constitué un important marché de travail pour les Égyptiens. Avant 2011, près de deux millions de travailleurs égyptiens y résidaient. Les autorités des deux pays ont conclu en 2021 plusieurs accords afin d’organiser leur retour progressif, dans la perspective de vastes projets de reconstruction.
Préservation des ressources libyennes
L’Égypte défend également l’idée d’une Libye unifiée et souveraine sur ses richesses énergétiques. En collaboration avec les institutions libyennes et les Nations unies, Le Caire a soutenu des mécanismes garantissant que les revenus économiques ne soient plus utilisés pour financer le conflit. Ces efforts ont abouti à l’unification du budget national et du taux de change en 2021, limitant les sources de financement des acteurs armés.



