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L’UGTT prise au piège de ses divisions internes et de la pression politique

L’UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) traverse l’une des périodes les plus sensibles de son histoire récente. Alors que les tensions sociales s’intensifient dans le pays, la principale organisation syndicale tunisienne apparaît affaiblie par des fractures internes profondes, au risque de compromettre son rôle traditionnel de contre-pouvoir.

La journée du mercredi 10 décembre a brutalement mis en lumière ces fragilités. Des rumeurs persistantes de démissions, de changements à la tête de la centrale et de paralysie des instances dirigeantes ont circulé massivement sur les réseaux sociaux. Même démenties par la suite, ces informations ont installé un climat de doute autour de la capacité de L’UGTT à maintenir sa cohésion.

Rumeurs virales et communication défaillante

Pendant plusieurs heures, la direction de L’UGTT est restée silencieuse, laissant le champ libre à des récits alarmistes largement relayés par des comptes proches du pouvoir.
Lorsque le secrétaire général Noureddine Taboubi a finalement pris la parole, il s’est limité à réfuter la démission de son adjoint Anouar Ben Gueddour, sans répondre aux interrogations de fond.

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Ce silence prolongé, suivi d’une réaction minimaliste, a renforcé la perception d’une centrale syndicale débordée par sa propre crise interne.

Un affrontement interne aux enjeux stratégiques

Derrière l’agitation médiatique se cache un conflit plus profond au sommet de L’UGTT. Si Noureddine Taboubi dispose formellement d’une majorité au sein du bureau exécutif, le camp d’Anouar Ben Gueddour conserve une influence déterminante sur plusieurs fédérations clés, notamment dans l’enseignement et les transports.

Ces secteurs constituent l’ossature de toute grève générale d’envergure. Sans leur mobilisation, l’appel à la grève nationale prévue pour le 21 janvier 2026 risque de perdre toute portée.
Ainsi, la rivalité interne ne relève plus d’un simple désaccord personnel : elle conditionne directement la capacité de L’UGTT à peser sur le rapport de force social et politique.

La question du congrès, cœur du blocage

Au centre de la crise se trouve la problématique du renouvellement de la direction. Noureddine Taboubi, élu secrétaire général en 2017, a vu son maintien prolongé après la modification controversée des statuts en 2021.
Si un congrès est officiellement annoncé pour mars 2026, les incertitudes entourant sa tenue nourrissent la défiance.

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Pour une partie des dirigeants syndicaux, aucun soutien à la grève générale ne peut être envisagé sans un engagement clair et irrévocable sur la date du congrès. La grève devient alors un instrument de négociation interne plutôt qu’un outil exclusivement dédié à la défense des travailleurs.

L’UGTT
L’UGTT

Une grève générale détournée de sa vocation

Traditionnellement, la grève générale représente l’arme la plus puissante de L’UGTT face au pouvoir. Aujourd’hui, elle se transforme en levier dans une bataille interne pour le contrôle de la centrale.

Cette évolution affaiblit le sens même de la mobilisation sociale, à un moment où la population subit une dégradation continue de ses conditions de vie. Elle expose également L’UGTT au risque de perdre sa crédibilité auprès de sa base.

Un pouvoir qui exploite les fissures

Les difficultés internes de L’UGTT offrent une opportunité stratégique au régime de Kaïs Saïed. La diffusion rapide de rumeurs, la mise en scène de dissensions et la remise en cause de la légitimité de la direction syndicale participent d’une stratégie visant à neutraliser un acteur historique du paysage politique tunisien.

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Une grève générale réussie pourrait cristalliser un mécontentement social profond. C’est précisément ce scénario que le pouvoir cherche à éviter, en laissant la crise interne suivre son cours.

L’UGTT face à un choix existentiel

La situation actuelle dépasse largement une querelle de personnes. Elle révèle une confrontation politique globale entre un pouvoir désireux de réduire les contre-pouvoirs et une centrale syndicale fragilisée par ses propres contradictions.

La prochaine réunion des instances nationales de L’UGTT sera déterminante. Soit une clarification rapide de la gouvernance et des règles internes permet de restaurer l’unité, soit la centrale s’enfonce dans une crise durable.

Aujourd’hui, L’UGTT est à la croisée des chemins.
Sa capacité à se réinventer et à retrouver une ligne claire conditionnera non seulement l’avenir du mouvement syndical, mais aussi l’équilibre social et politique du pays.

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Midou

A professional journalist and blogger who has worked in several newspapers and websites

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